Quarante ans d’expériences dans les écoles nous permettent d’affirmer que la pratique régulière de cercles ProDAS aide les élèves et les enseignant⋅es à créer dans les groupes un climat de confiance et de sécurité et exerce l’empathie. L’expérience plus récente avec des adultes de divers milieux professionnels ou lieux de vie confirment les bienfaits du ProDAS sur le développement des personnes.
Partant du principe que la transformation de l’individu est inséparable de la transformation sociale, les cercles ProDAS participent au développement de chacun⋅e. Structurés et réglementés, ils permettent de se sentir accepté⋅e, reconnu⋅e dans un espace de sécurité et de confiance propice aux apprentissages. Ils constituent une approche préventive concrète pour éviter la violence, l’intolérance, la xénophobie. Ils sont un entrainement à l’affirmation de soi et à l’écoute empathique. Ils développent des aptitudes émotionnelles et citoyennes. Ainsi, les cercles ProDAS pourront être un support utile et efficace pour tout projet réalisé dans un cadre scolaire, culturel, militant, citoyen, familial.
Pour grandir, nous avons tou⋅tes besoin d’être entendu⋅es, reconnu⋅es et compris⋅es et pour cela nous tentons de mettre des mots sur notre vécu.
Notre expérience et nos observations nous ont appris que lors des cercles de parole les personnes découvrent le plaisir de parler d’elles et d’être comprises, le plaisir d’écouter et de comprendre les autres et le bonheur de créer des liens.
Elles cherchent à enrichir leur vocabulaire, à nuancer leur senti, leur ressenti et leur pensée. Petit à petit, ils se découvrent en découvrant les autres et apprennent l’art délicat de l’intimité. Le climat ainsi créé devient propice aux apprentissages, favorise la coopération, facilite la résolution des inévitables conflits et contribue à prévenir sensiblement les violences et les incivilités.
La plupart des humains ont besoin de se sentir acceptés et reconnus en tant que personne pour oser entrer dans un processus de réflexion et de création. Ils doivent savoir qu’on peut les apprécier même s’ils font des erreurs, ils doivent savoir qu’on ne se moquera pas d’eux, qu’on ne les rejettera pas s’ils ne comprennent pas tout de suite, qu’ils peuvent poser des questions, hésiter et demander des informations.
C’est en étant persuadés qu’on ne les juge ni ne les condamne qu’ils peuvent être disponibles pour tirer parti de leurs erreurs, pour persévérer malgré les difficultés et faire des progrès. L’enseignant⋅e ou l’animateur⋅rice évalue et juge des compétences, tout en cultivant bienveillance et empathie vis-à-vis des personnes.
C’est un art délicat, simple et difficile à la fois, c’est peut-être bien l’apprentissage d’une vie.
Ceux et celles qui se sont donné⋅es pour but d’éduquer, le savent mieux que quiconque.
Qu’elles viennent d’inspections, de directions, de hiérarchies ou d’enseignants, les évaluations si elles sont faites de manière désobligeante peuvent provoquer révoltes ou découragements.
Par contre, on accepte facilement les exigences de quelqu’un qu’on apprécie.
Il arrive trop souvent que nous confondions « être » et « avoir des compétences ». L’enseignant⋅e ou l’animateur⋅rice a comme tâche d’évaluer des compétences, non de juger les personnes.
Après quelques cercles de parole les participant⋅es comprennent et font la différence entre leur personne (qu’il n’y a pas lieu de juger) et leurs compétences (qui peuvent être régulièrement évaluées).
« Tant que nous aurons des sourires et des larmes, nous aurons des arcs-en-ciel à partager. »
L’insensibilité aux émotions, le bitumage des cœurs et le sentiment que plus rien ne nous touche est peut-être une protection efficace mais éteint en nous joie, enthousiasme, tendresse. Rien n’est plus mortifère que de s’endurcir.
La pratique du ProDAS entretiennent notre capacité à nous émouvoir, à contempler, à nous émerveiller et à cultiver la camaraderie, l’amitié, l’empathie.
Certains médias se servent du plaisir, de l’indignation, de la peur pour mobiliser les foules. On en connait les dérives dangereuses.
Si le danger réside dans les débordements de l’émotion, il existe tout autant dans son refoulement. La faculté de ressentir et d’éprouver des sentiments nous permet de percevoir ceux des autres et d’y être attentif. L’émotion joue, de fait, un rôle important dans nos décisions et nos choix. Encore faut-il que notre affectivité soit tempérée par nos réflexions. Raison et émotion sont complémentaires et doivent coopérer.
Mettre nos émotions en mots, c’est les reconnaître, leur donner de l’importance, c’est préserver notre joie de vivre et, paradoxalement, c’est les mettre à distance pour ouvrir la porte à la réflexion.
Les retombées des cercles se font sentir non seulement au niveau des relations et du climat de classe mais aussi au niveau des compétences et des matières à enseigner.
On ne peut apprendre une langue sans éprouver le besoin et le plaisir de communiquer. Le ProDAS entretient ce besoin et transmet ce plaisir. Dans le cercle de parole, les participant⋅es ont le souci de bien se faire comprendre : c’est important pour eux⋅elles, l’enjeu est personnel.
Souvent on fait d’une langue étrangère un usage d’acte (on parle pour agir, dans la vie quotidienne), c’est certes indispensable, mais insuffisant si l’on veut créer du lien et de la relation
Les mots affectifs, les jeux de langue, l’expression des demandes, des refus, des peurs : tout cela vient, de façon assez nuancée, dans sa langue maternelle.
La pratique, parmi d’autres, du ProDAS offrira un contexte naturel de communication, on y apprendra à parler de ce que l’on a ressenti, de ce que l’on a vécu, de ce que l’on a pensé … C’est un outil précieux pour combler les manques linguistiques.
En discussion philosophique, on va devoir argumenter, accepter d’entendre critiquer son point de vue, apprendre à contredire sans pour autant juger la personne avec laquelle on n’est pas d’accord… Tous ces efforts et ces apprentissages seront mieux consentis s’il y a ce climat de confiance interpersonnelle qui peut découler de la pratique des cercles.
Des questions peuvent naturellement apparaître suite à des cercles.
Pratiquer les cercles ProDAS ne laisse pas indifférent⋅e. Ce qu’ils apportent aux personnes comme aux institutions, est d’une grande richesse. A vous d’en apprécier la teneur à travers ces quelques témoignages. A vous également de nous envoyer le témoignage de vos propres découvertes du ProDAS pour que nous puissions les offrir en lecture dans la rubrique.
Le programme de développement affectif et social est un outil, un outil créateur de liens et de sens qui peut se révéler « magique ». Néanmoins, ce n’est qu’un outil. Il peut servir pour ériger une cathédrale ou une prison. Tout dépend de l’éthique de l’ouvrier⋅e qui l’utilise. Nous sommes humain⋅es, donc imparfait⋅es. Mais la technique nous demande d’être lucidement imparfait⋅es et de nous parfaire, inlassablement, avec humilité.
Il est possible d’utiliser la méthodologie du ProDAS occasionnellement sans suivre le programme complet. Par exemple, pour évaluer des activités (« je peux vous dire comment je me suis senti⋅e (ce qui m’a touché.e) pendant l’exercice précedent ») ; ou pour témoigner de notre vécu autour d’une thématique développée avec un groupe (amitié, argent, justice, travail, etc). Dans tous les cas, les cercles de parole ProDAS permettent de renforcer les capacités d’écoute et d’expression, ou de créer des liens entre les participant⋅es.
Le programme complet permet aux individus de prendre conscience de trois dimensions constitutives de leur être : « ce que je suis », ce que je fais » et « la manière dont j’interagis avec les autres ». Pour être traité dans son entièreté, il nécessite un groupe stable pendant une dizaine de séances minimum. Il peut évidemment se décliner en une infinité de séances, qui, même si les thèmes se répètent, ont des effets cumulables mettant en lumière nos diverses facettes.
Le Programme de développement affectif et social a été conçu aux Etats-Unis dans les années 60. Le Québécois Jacques Lalanne a traduit les ouvrages en français et est devenu ainsi le promoteur du PRODAS au Canada francophone depuis les années 70. Je rencontre ce dernier en 1977 à Bruxelles et suis séduit par l’outil. L’aventure du PRODAS commence alors en Belgique.