Il est possible d’utiliser la méthodologie du ProDAS occasionnellement sans suivre le programme complet. Par exemple, pour évaluer des activités (« je peux vous dire comment je me suis senti⋅e (ce qui m'a touché.e) pendant l’exercice précedent ») ; ou pour témoigner de notre vécu autour d’une thématique développée avec un groupe (amitié, argent, justice, travail, etc). Dans tous les cas, les cercles de parole ProDAS permettent de renforcer les capacités d’écoute et d’expression, ou de créer des liens entre les participant⋅es.
Avant tout, il y a des règles pour éviter les dérives. Ni leçon de morale, ni thérapie, il s’agit ici de rencontres entre humains.
Les animateur⋅rices ne sont pas des thérapeutes. Ce sont des facilitateur⋅rices de parole. Par leur présence structurante, bienveillante, par leurs témoignages sincères, par leur exigence à respecter les règles, ils⋅elles garantissent l’essentiel.
C’est ce cadre-là qui permet de « témoigner humainement de l’humain » en confiance et en sécurité.
L’animateur⋅rice commence et s’implique, à propos du théme choisi, exprimant ses sensations, émotions et pensées. Il⋅elle donne le « la ».
Je me dis et me disant, je me découvre, je me rencontre. Je me dis et pour me dire avec franchise et sincérité, je plonge en mes profondeurs : entrainement à l’introspection et à l’intériorité. Je me souviens de moi, ce moi profond que j’oublie parfois, trop enfoui dans mes occupations.
Et j’écoute. Et pour écouter avec respect, j’ouvre les oreilles de mon cœur, je te rencontre : exercice de concentration, entrainement à l’empathie.
Je me souviens et je fais des analogies. Le questionnement est presque toujours le même.
Qui se souvient de… ? : je me souviens de toi, donc je te reconnais : je peux te refléter ce qui me paraît essentiel.
Peut-on classer les interventions ? Trouver des analogies ? : chacun se reconnait semblable, et en même temps, chacun se reconnait unique.
Nous faisons un petit pas, passant du subjectif à l’universel.
Nouvelle intégration, facultative cette fois.
C’est le règne de la créativité, on peut prolonger par d’autres moyens d’expression : écriture, lectures, poésie, graphisme, musique.
On peut prolonger par des ateliers philo pour aller plus loin dans la réflexion, par des ateliers de détente, pour ancrer les prises de conscience dans le corps, par des contes et histoires pour ancrer dans l’imaginaire, par toutes sortes d’apprentissages notamment celui de la communication.
ProDAS n’est pas le seul chemin. Son apport est unique comme sont uniques les autres méthodes. Les associer renforce chacune d’elles.
Pour qu’elle porte ses fruits dans le quotidien, il vaut mieux que cette expérience se renouvelle, qu’elle devienne pratique régulière. Réitérée, elle nous conduit lentement, progressivement à sonder nos profondeurs et à oser en parler ; en confiance, sans jugement, nous nous glissons dans les mocassins des autres, nous nous découvrons en découvrant les autres.
Progressivement, je passe de la pensée binaire au paradoxe, j’élargis mon regard, je prends une légère distance de moi à moi et je me glisse à une hauteur où l’horizon s’ouvre sur une humanité vaste et diverse à laquelle je participe.
Vivre un cercle Prodas est une expérience qui demande une mise en condition. Elle tranche sur le quotidien de groupe, qu’il se passe dans le local habituel ou dans un local spécialement aménagé à cet effet, nous pouvons inventer souvent un petit rituel d’entrée et de sortie : une musique, un chant, une citation, voire une rapide détente, histoire de montrer que ce qui va se vivre ici est important.
Pratiquer les cercles ProDAS ne laisse pas indifférent⋅e. Ce qu’ils apportent aux personnes comme aux institutions, est d’une grande richesse. A vous d’en apprécier la teneur à travers ces quelques témoignages. A vous également de nous envoyer le témoignage de vos propres découvertes du ProDAS pour que nous puissions les offrir en lecture dans la rubrique.
Le programme de développement affectif et social est un outil, un outil créateur de liens et de sens qui peut se révéler « magique ». Néanmoins, ce n’est qu’un outil. Il peut servir pour ériger une cathédrale ou une prison. Tout dépend de l’éthique de l’ouvrier⋅e qui l’utilise. Nous sommes humain⋅es, donc imparfait⋅es. Mais la technique nous demande d’être lucidement imparfait⋅es et de nous parfaire, inlassablement, avec humilité.
Quarante ans d’expériences dans les écoles nous permettent d’affirmer que la pratique régulière de cercles ProDAS aide les élèves et les enseignant⋅es à créer dans les groupes un climat de confiance et de sécurité et exerce l’empathie. L’expérience plus récente avec des adultes de divers milieux professionnels ou lieux de vie confirment les bienfaits du ProDAS sur le développement des personnes.
Le programme complet permet aux individus de prendre conscience de trois dimensions constitutives de leur être : « ce que je suis », ce que je fais » et « la manière dont j’interagis avec les autres ». Pour être traité dans son entièreté, il nécessite un groupe stable pendant une dizaine de séances minimum. Il peut évidemment se décliner en une infinité de séances, qui, même si les thèmes se répètent, ont des effets cumulables mettant en lumière nos diverses facettes.
Le Programme de développement affectif et social a été conçu aux Etats-Unis dans les années 60. Le Québécois Jacques Lalanne a traduit les ouvrages en français et est devenu ainsi le promoteur du PRODAS au Canada francophone depuis les années 70. Je rencontre ce dernier en 1977 à Bruxelles et suis séduit par l’outil. L’aventure du PRODAS commence alors en Belgique.