les atouts

Les retombées du cercle de parole ProDAS

par Peggy Snoek-Noordhoff
Quarante ans d’expériences dans les écoles nous permettent d’affirmer que la pratique régulière de cercles ProDAS aide les élèves et les enseignant⋅es à créer dans les groupes un climat de confiance et de sécurité et exerce l’empathie. L’expérience plus récente avec des adultes de divers milieux professionnels ou lieux de vie confirment les bienfaits du ProDAS sur le développement des personnes.

Partant du principe que la transformation de l’individu est inséparable de la transformation sociale, les cercles ProDAS participent au développement de chacun⋅e. Structurés et réglementés, ils permettent de se sentir accepté⋅e, reconnu⋅e dans un espace de sécurité et de confiance propice aux apprentissages. Ils constituent une approche préventive concrète pour éviter la violence, l’intolérance, la xénophobie. Ils sont un entrainement à l’affirmation de soi et à l’écoute empathique. Ils développent des aptitudes émotionnelles et citoyennes. Ainsi, les cercles ProDAS pourront être un support utile et efficace pour tout projet réalisé dans un cadre scolaire, culturel, militant, citoyen, familial.

Créer un climat de confiance et de sécurité

En développant deux compétences essentielles : se dire et s’écouter

Pour grandir, nous avons tou⋅tes besoin d’être entendu⋅es, reconnu⋅es et compris⋅es et pour cela nous tentons de mettre des mots sur notre vécu.

Notre expérience et nos observations nous ont appris que lors des cercles de parole les personnes découvrent le plaisir de parler d’elles et d’être comprises, le plaisir d’écouter et de comprendre les autres et le bonheur de créer des liens.

Elles cherchent à enrichir leur vocabulaire, à nuancer leur senti, leur ressenti et leur pensée. Petit à petit, ils se découvrent en découvrant les autres et apprennent l’art délicat de l’intimité. Le climat ainsi créé devient propice aux apprentissages, favorise la coopération, facilite la résolution des inévitables conflits et contribue à prévenir sensiblement les violences et les incivilités.

En permettant à chacun⋅e de se sentir reconnu⋅e et accepté⋅e en tant que personne

La plupart des humains ont besoin de se sentir acceptés et reconnus en tant que personne pour oser entrer dans un processus de réflexion et de création. Ils doivent savoir qu’on peut les apprécier même s’ils font des erreurs, ils doivent savoir qu’on ne se moquera pas d’eux, qu’on ne les rejettera pas s’ils ne comprennent pas tout de suite, qu’ils peuvent poser des questions, hésiter et demander des informations.

C’est en étant persuadés qu’on ne les juge ni ne les condamne qu’ils peuvent être disponibles pour tirer parti de leurs erreurs, pour persévérer malgré les difficultés et faire des progrès. L’enseignant⋅e ou l’animateur⋅rice évalue et juge des compétences, tout en cultivant bienveillance et empathie vis-à-vis des personnes.

C’est un art délicat, simple et difficile à la fois, c’est peut-être bien l’apprentissage d’une vie.

Ceux et celles qui se sont donné⋅es pour but d’éduquer, le savent mieux que quiconque.

En renforçant la confiance en soi

Qu’elles viennent d’inspections, de directions, de hiérarchies ou d’enseignants, les évaluations si elles sont faites de manière désobligeante peuvent provoquer révoltes ou découragements.

Par contre, on accepte facilement les exigences de quelqu’un qu’on apprécie.

Il arrive trop souvent que nous confondions « être » et « avoir des compétences ». L’enseignant⋅e ou l’animateur⋅rice a comme tâche d’évaluer des compétences, non de juger les personnes.

Après quelques cercles de parole les participant⋅es comprennent et font la différence entre leur personne (qu'il n’y a pas lieu de juger) et leurs compétences (qui peuvent être régulièrement évaluées).

Acquérir plus de maturité affective

« Tant que nous aurons des sourires et des larmes, nous aurons des arcs-en-ciel à partager. »

L’insensibilité aux émotions, le bitumage des cœurs et le sentiment que plus rien ne nous touche est peut-être une protection efficace mais éteint en nous joie, enthousiasme, tendresse. Rien n’est plus mortifère que de s’endurcir.

La pratique du ProDAS entretiennent notre capacité à nous émouvoir, à contempler, à nous émerveiller et à cultiver la camaraderie, l’amitié, l’empathie.

Certains médias se servent du plaisir, de l’indignation, de la peur pour mobiliser les foules. On en connait les dérives dangereuses.

Si le danger réside dans les débordements de l’émotion, il existe tout autant dans son refoulement. La faculté de ressentir et d’éprouver des sentiments nous permet de percevoir ceux des autres et d’y être attentif. L’émotion joue, de fait, un rôle important dans nos décisions et nos choix. Encore faut-il que notre affectivité soit tempérée par nos réflexions. Raison et émotion sont complémentaires et doivent coopérer.

Mettre nos émotions en mots, c’est les reconnaître, leur donner de l’importance, c’est préserver notre joie de vivre et, paradoxalement, c’est les mettre à distance pour ouvrir la porte à la réflexion.

Chez les enfants, donner plus de sens aux apprentissages

Les retombées des cercles se font sentir non seulement au niveau des relations et du climat de classe mais aussi au niveau des compétences et des matières à enseigner.

En langue

On ne peut apprendre une langue sans éprouver le besoin et le plaisir de communiquer. Le ProDAS entretient ce besoin et transmet ce plaisir. Dans le cercle de parole, les participant⋅es ont le souci de bien se faire comprendre : c’est important pour eux⋅elles, l’enjeu est personnel.

Souvent on fait d’une langue étrangère un usage d’acte (on parle pour agir, dans la vie quotidienne), c’est certes indispensable, mais insuffisant si l’on veut créer du lien et de la relation

Les mots affectifs, les jeux de langue, l’expression des demandes, des refus, des peurs : tout cela vient, de façon assez nuancée, dans sa langue maternelle.

La pratique, parmi d’autres, du ProDAS offrira un contexte naturel de communication, on y apprendra à parler de ce que l’on a ressenti, de ce que l’on a vécu, de ce que l’on a pensé … C’est un outil précieux pour combler les manques linguistiques.

En EPC

En discussion philosophique, on va devoir argumenter, accepter d’entendre critiquer son point de vue, apprendre à contredire sans pour autant juger la personne avec laquelle on n’est pas d’accord... Tous ces efforts et ces apprentissages seront mieux consentis s’il y a ce climat de confiance interpersonnelle qui peut découler de la pratique des cercles.

Dans d’autres apprentissages ( géographie, histoire, biologie etc) :

Des questions peuvent naturellement apparaître suite à des cercles.

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